Un «esclavagiste du nem» derrière les barreaux
Il avait une patente pour vendre les nems, mais pas pour les fabriquer. Encore moins pour les confectionner dans des conditions d’hygiène douteuses, en employant quatre ouvrières au noir. Ce Vietnamien de 52 ans sera jugé en novembre prochain. En attendant, il a été placé en détention provisoire.
Les employées étaient payées au rendement : une bassine de 240 nems pour 1 000 francs. Le commerçant les revendait 500 francs les dix. A ce tarif-là, la fabrication peut rapporter gros, surtout lorsque l’investissement de départ est ce qu’on peut considérer tout ce qu’il y a de plus minimaliste : une grande pièce, un lavabo, un congélateur et des grandes bassines. Et quatre ouvrières employées au noir.
A raison de quatre bassines par ouvrière et par jour, les policiers ont estimé le bénéfice net de cet « esclavagiste du nem » à environ 600 000 francs par mois. Soit presque deux fois plus que la somme avancée aux policiers par ce Vietnamien de 52 ans, en situation régulière sur le Caillou, au statut de résident permanent. Son affaire tournait depuis 1998, suite à la faillite d’un précédent commerce. Et la plus ancienne de ses employées, qu’il payait environ 50 000 francs par mois, y travaillait depuis 2002.
C’est suite à la plainte de l’une de ces dernières, s’estimant mal rétribuée, que l’affaire est parvenue jusqu’aux policiers de la Paf, puisque le travail clandestin est l’un de leur domaine d’intervention. Jeudi dernier, ils décident de passer à l’action. La scène se déroule sur la rue principale de la Vallée-du-Tir. L’homme soupçonné de tenir la petite affaire est interpellé au rez-de-chaussée d’un immeuble aux portes et fenêtres soigneusement obscurcies et grillagées.
« Le sol était très collant »
A l’intérieur de la pièce, des ouvrières s’activent à la confection de nems. L’installation est plus que sommaire : des congélateurs (fermés par des cadenas.), une grande table aux pieds rouillés recouverte d’une nappe synthétique, faisant office de plan de travail. La préparation des nems repose dans de grandes bassines. Une fois les rouleaux préparés, ils sont conditionnés par dix dans des sachets plastiques pour être revendus. Soit en faisant du porte-à-porte, soit directement en « sortie d’usine », puisque les habitués viennent sonner à la porte. C’est la partie la plus acceptable de l’affaire, la « partie émergée de l’iceberg » disent les enquêteurs, puisque le maître des lieux détient effectivement une patente pour commercialiser ses nems.
Leur fabrication, en revanche, n’obéit en rien aux règles d’hygiène en vigueur. « Le sol était très collant », synthétise un enquêteur. Pour le reste, les installations de ce laboratoire sauvage n’ont rien de véritablement conventionnelles : pas de carrelage sur les murs, pas d’aération, des traces de rouille et de saleté sur les cuisinières. Un rapide constat qui suffit au service municipal d’hygiène, compétant dans le domaine de la réglementation concernant l’hygiène alimentaire, pour demander la fermeture des lieux. Ce devrait être chose faite dans les prochains jours.
En attendant, l’homme à la tête de la petite entreprise illégale a été présenté à la justice vendredi, à l’issue de sa garde à vue. Il devait être jugé en comparution immédiate, mais l’audience a été reportée dans le courant du mois de novembre. En attendant, chose plutôt rare en la matière, l’homme a été placé en détention provisoire. Il encourt une peine d’un an de prison et de 181 800 francs d’amende.
P. Chatel
LES NOUVELLES-CALEDONIENNES
Mardi 23 Octobre 2007
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