INTRODUCTION

22.6.07

Barquettes à la mode

Pour s’adapter à un nouveau mode de consommation, de plus en plus de marchands proposent des petites barquettes de fruits mélangés, coupés, râpés et vendus sous cellophane. Un service qui n’est pas autorisé au marché municipal - car il ne remplit pas les conditions exigées par la délibération 155 du 29 décembre 1998 régissant les règles d’hygiène et de sécurité alimentaires -, mais qui était jusque-là « toléré » par la municipalité car le volume de ces ventes était plutôt insignifiant. Sauf que la mode a pris et que, sur chaque étal, on peut désormais trouver ces barquettes.

Un courrier de rappel à l’ordre`

« Nous avons remarqué qu’il y en avait de plus en plus… Donc, dans le cadre d’une campagne d’analyses qui a eu lieu de janvier à avril, nous avons acheté une cinquantaine de barquettes et les avons soumises à un laboratoire. Et c’est là, à hauteur de 10 % des barquettes, qu’a été trouvée une bactérie, Escherichia coli, signe de contamination fécale (NDLR: qui provient généralement de mains non lavées). Dès lors, nous avons prévenu les commerçants par un courrier rappelant l’interdiction. » Et c’est tout. C’est tellement tout que, hier encore, on pouvait trouver ces barquettes en vente au marché, deux mois après les résultats de l’analyse.

Des bactéries dans les barquettes

Des contrôles d’hygiène, effectués entre janvier et avril au marché municipal de Nouméa, ont révélé la présence d’une bactérie, signe de contamination fécale, dans les barquettes de fruits prédécoupés.C’est suite à un courriel anonyme que l’affaire a rebondi hier. Le service municipal d’hygiène parle désormais de « tolérance zéro ».Tout est parti d’un « hoax », une rumeur largement diffusée via le Net. « Une vérité transformée qui vise à paniquer les gens », pour reprendre les propos de Valérie Mermoud, chef du service municipal d’hygiène. Inexacte sur le fond, cette forme de dénonciation a néanmoins eu le mérite de mettre à plat un problème qui dure depuis trop longtemps : celui de l’hygiène sur les étals des marchés calédoniens. En l’occurrence, il s’agit ici des conditions de vente de fruits et de légumes prédécoupés au marché municipal de Nouméa.

Contrôles inopinés

« Escherichia coli est une bactérie qui peut provoquer de la fièvre chez les enfants » mais qui n’altère pas durablement la santé. D’où la volonté municipale de régler le cas « à l’amiable », sans alerte sanitaire, ni sanction irréparable. Enfin, jusqu’à aujourd’hui, car le hoax, qui pointe sans le dire l’absence de répression, a déjà provoqué un contrôle inopiné, hier, aux Jeudis de la fête de la musique. D’autres devraient suivre et on peut imaginer que des sanctions vont tomber en cas de manquement. « Cela peut aller de la verbalisation à la fermeture de la stalle. » Plus sûrement, on s’oriente vers des négociations avec les vendeurs de façon à ce que ceux qui souhaitent poursuivre ce type de commerce le fassent dans les conditions prévues par la loi. Avec, comme épée de Damoclès, une « tolérance zéro ».

Les commerçants appréhendent

Hier matin, sur les étals du marché de Nouméa, les barquettes de fruits et les poches de légumes prédécoupés ou râpés étaient bien là, malgré plusieurs avertissements.

Salades de fruits toutes prêtes, ananas tranchés, choux et carottes râpés étaient bien en évidence sur les étals du marché de Nouméa, hier matin. Présentés dans des barquettes sous cellophane, ces produits transformés ont eu tendance à se multiplier sur les stands ces dernières semaines. « Le service municipal est passé faire des prélèvements en début d’année, confirme une commerçante. Et on nous a dit qu’il y aurait peut-être bientôt une interdiction de la vente des barquettes. Ils nous parlent de faire conserver les fruits à quatre degrés. Mais si la barquette est faite la veille, les fruits noircissent un peu. Il faut être aveugle pour ne pas voir que c’est tout frais ! Si on nous impose des règles, on peut aussi mettre les fruits dans une glacière comme ils le font pour le poisson ! Et pour le coco râpé comment ça se passera, et les Jeudis du centre-ville où il n’y a aucun respect de l’hygiène ? », s’énerve la commerçante. « Je n’ai pas de point d’eau, c’est vrai. Mais je mets des gants », complète un des tenanciers du même stand en pleine découpe d’ananas.

« Il y a eu un laisser-aller »

« Moi, je découpe chez moi dans une cuisine-laboratoire, assure Annie N’Guyen qui vend des légumes râpés, des ananas et de la papaye tranchés. Mais s’il faut ramener le frigo, on va ramener le frigo. » De son côté, le président du syndicat des utilitaires du marché reste ferme : « Concernant l’hygiène, on ne peut pas aller contre, répond Roland Manéa, Il y a des règles à respecter concernant les produits transformés. Pour moi, il y a eu un laisser-aller. J’ai dit aux titulaires de prendre leurs responsabilités. » Les autres marchands qui découpent une pastèque pour montrer l’intérieur des fruits, eux, ont peur d’être mis dans le même sac. « La découpe à la demande du client est tolérable à condition que les marchands aient les moyens de nettoyer l’ustensile et leurs mains », précise Valérie Mermoud. Une chose est sûre, la préparation des barquettes devra se faire strictement dans les conditions déterminées par la réglementation pour être autorisées à la vente.

Textes : Catherine Léhé et Yohan Doucet


Malgré les avertissements, barquettes de fruits et poches de légumes prédécoupés ou râpés étaient bien sur les étals du marché de Nouméa hier matin. Photo : Thierry Perron

Sources : Les nouvelles Calédoniennes

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