Les Nouvelles Calédoniennes du 09/10/2008 :
Un recensement ethnique en 2009
Cinq ans après, la Calédonie va de nouveau se compter. Et contrairement à celui de 2004, si polémique, le recensement général de la population 2009 devrait intégrer des données ethniques.
Prévu pour le début du second semestre 2009, probablement vers le mois d’août, le prochain recensement général de la population est déjà en préparation. L’Institut de la statistique et des études économiques (Isee) a commencé à travailler sur la cartographie des îlots de populations à enquêter; des échanges ont eu lieu avec l’Insee (institut national de la statistique) sur les formulaires, qui doivent bientôt être soumis à l’aval de la Commission informatique et liberté.
Le dénombrement de la population étant une compétence d’État, la collecte des données sera placée sous la responsabilité de l’Insee, qui enverra en Nouvelle-Calédonie une dizaine de superviseurs. Elle durera environ un mois et sera effectuée par quelque 650 à 700 agents recenseurs, recrutés localement et payés à la tâche. La saisie et le traitement des données seront effectués par l’Isee, l’antenne locale de l’institut, qui annoncera le chiffre de la population calédonienne en fin d’année, pour une prise en compte de la « population légale » au 1er janvier 2010 dans toutes les procédures et calculs financiers basés sur le niveau de population des collectivités. Les analyses socio-économiques suivront dans la foulée, au cours du premier semestre 2010.
Contrairement à celui de 2004, le recensement de 2009 intégrera la question ethnique. Les habitants interrogés, comme lors de tous les recensements menés dans ces dernières décennies, pourront s’identifier à une ethnie d’appartenance.
Ces données permettront surtout de mesurer les effets du rééquilibrage
Contrairement à ce que disait Jacques Chirac en 2003, c’est légal. Et les consultations locales entreprises par l’Isee sur ce thème, auprès des représentants de l’État, du gouvernement, des provinces, des communes et des principaux responsables de partis politiques tendent à montrer une volonté quasi unanime de voir les données ethniques réintégrées dans le recensement.
Car au-delà du simple fait de compter Kanak, Européens, Wallisiens, Indonésiens, Vietnamiens ou Tahitiens, ce qui peut avoir un sens au plan purement politique, ces données permettront surtout de mesurer les effets du rééquilibrage qui reste la base du processus institutionnel calédonien, en termes de niveau de vie, d’équipement, de scolarisation, de formation, d’emploi, etc. Et ce sont là des indicateurs souhaités et attendus par la plupart des responsables calédoniens.
Henri Lepot
Interdit en Métropole, mais autorisé ici
« À laquelle des communautés suivantes estimez-vous appartenir ? » « Pour les Français de la communauté mélanésienne, indiquez la tribu d’appartenance et le statut. »
Ce sont ces deux questions, qui figuraient dans les huit recensements menés en Calédonie entre 1946 et 1996, qui ont été condamnées par Jacques Chirac en 2003 et supprimées du formulaire 2004. Immorales peut-être, d’un point de vue métropolitain, mais en aucun cas illégales. Car la loi « informatique et liberté » de 1978, qui interdit en effet les références à l’appartenance ethnique en France métropolitaine, les autorise explicitement pour la Nouvelle-Calédonie dans l’alinéa 3 de son article 31. Argument retenu : « La CNIL (Commission nationale Informatique et liberté) considère que le recueil de l’appartenance ethnique des personnes, compte tenu du caractère socio-démographique propre à la Nouvelle-Calédonie, répond à un motif d’intérêt public. » Seule condition : que le Conseil d’État l’autorise par décret.
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