Pour ce mois de février de Courrier Sud, Le mensuel officiel de
Thi Sen Marie de Nam Dinh à Thio
par Corinne Nguyen
A 16 ans, Thi Sen Nguyen embarque – comme beaucoup de
Vietnamiens – à bord d’un bateau pour
dans l’espoir d’une vie meilleure. Ce voyage va changer sa vie.
A 83 ans, Marie Favan n’a rien oublié…
Fille de paysan, Thi Sen est née le 12 novembre 1923 à Lieu De, un village situé dans la province de Nam Dinh au nord du Vietnam. Elle porte le nom de jeune fille de sa mère, Nguyen,
car, à l’époque, les enfants pouvaient prendre le nom de leur mère s’ils le souhaitaient.
« Je ne suis pas allée à l’école. Très tôt j’ai dû aider mes parents
dans les rizières. Ils habitaient dans une modeste maison de terre et de paille. »
Quelques animaux de basse-cour – poules, canards, cochons – améliorent un peu le quotidien. Elle travaille dur, reproduisant les mêmes tâches épuisantes qui se répètent de génération en génération. La vie est rythmée par le cycle des saisons. Tout semble figé dans cette campagne du Nord du Vietnam, la pauvreté est le lot de tous. Et on l’accepte avec résignation.
La fugue…
Un événement va pourtant changer le cours des choses. Avec deux amies de son village, Thi Sen entend dire qu’on recrute des volontaires pour aller travailler en Nouvelle-Calédonie. Elles décident de partir tenter leur chance. « On n’avait rien, alors on a tenté le tout pour le tout. »
En cachette, Thi Sen accomplit les démarches administratives, mais comme elle n’a que 16 ans, trop jeune donc pour faire partie des engagés, elle ment sur son âge et prétend en avoir 21.
Un matin, Thi Sen annonce à ses parents qu’elle va rendre visite à une tante habitant non loin du village. Elle ne reviendra pas… et ne verra plus jamais son père ni sa mère. Le port d’embarcation se trouve à Haiphong. En attendant le bateau qui n’arrivera que trois mois plus tard, elle fait la connaissance de
des « travailleurs sous contrat ».
Ils se marient rapidement, mais seulement à l’église, étant catholiques tous les deux.
RETOUR AU PAYS
En 1960, Thi Sen fait partie d’une délégation de Vietnamiens de Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides conviés par le gouvernement du Sud Vietnam.
Un séjour de trois semaines durant lesquelles elle visite la ville
de Saigon qu’elle ne connaît pas. Ce voyage lui apporte la joie de
revoir son pays, cependant elle regrette de ne pas pouvoir se rendre dans son village natal où son père vit encore. Le pays est divisé entre le Nord, aux mains des communistes et hermétiquement fermé à l’extérieur, et le Sud. Marie y retournera en 1995.
Mais si le Vietnam demeure pour toujours dans son coeur, sa vie, à n’en pas douter, est bien en Nouvelle-Calédonie.
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