PREMIERE ANALYSE DE LA COMMUNAUTE VIETNAMIENNE FAITE EN 78
Nguyen Tri Quang
[...]
Cette analyse avait été transmise en 79 dans une lettre au Président Giscard, juste après son passage sur le territoire , au moment où il avait été question de faire de la Nouvelle Calédonie une terre d’accueil pour les boat-People, ces réfugiés du Vietnam, recueillis par l’Ile de Lumière, ce bateau affrété pour venir au secours à ceux que les Etats-Unis avaient abandonnés à leur sort, et qui fuyaient un régime communiste , qui venait de réaliser la réunification du Vietnam.
Et le tollé que l’idée de faire de la Nouvelle Calédonie une terre d’accueil avait soulevé, avait réuni pour la seule fois dans l’histoire de la Nouvelle Calédonie, aussi bien les « loyalistes européens anti-indépendantistes», ceux qui ne voyaient dans ces nouveaux « diables jaunes », que d’autres concurrents sur le plan économique, que les « indépendantistes kanakes » qui ne voyaient dans ces « réfugiés », que des futurs « défenseurs » du système en place.
Le secrétariat du Président de la République Française, avait accusé réception de cette lettre et de son analyse.
J’ai perdu toute trace de cette lettre envoyée au Président de la République. Je n’ai que la réponse du secrétariat de la Présidence de la République, accusant réception de ma lettre et de mon analyse de la communauté vietnamienne qui suit.
Mais je n’ai sûrement pas oublié de lui rappeler cette période qui avait suivi la fin de la première guerre d’Indochine, après la victoire de l’armée vietnamienne sur l’armée française à Diên Biên Phu, période qui fait partie intégrante de l’histoire de la Nouvelle Calédonie, et qu’il ne faut pas non plus oublier, en l’évacuant d’un coup de baguette ( ??? !!!…) magique.
Le dernier convoi qui avait amené les « tonkinois » travailler sur les mines de nickel fut effectué en 1939.
Les « Chân Dang » d’alors partaient avec un « engagement » (contrat de travail) pour 5 ans, au bout desquels ils étaient rapatriés au Vietnam.
Mais au terme de leur contrat, c’est-à-dire en 1944, le Monde était en train de se débattre dans un deuxième conflit qui impliquait non seulement les « mères patries » d’ Europe qui devaient faire face au fascisme italien et au nazisme allemand, mais aussi les colonies d’Asie et du Pacifique, qui devaient affronter le militarisme japonais.
Le Territoire s’était ainsi trouvé en première ligne, et fut transformée en tête de pont pour les troupes américaines (et alliées), qui allaient stopper l’avancée japonaise lors de la fameuse bataille de la mer de Corail.
La présence de l’armée américaine permit le « décollage » économique de la Nouvelle Calédonie, grâce à la devise verte qui coulait à flot et qui profitait à tous ceux qui avaient un peu d’imagination, mais surtout du courage.
Et ce n’était pas ce qui manquait aux vietnamiens qui avaient été habitués à travailler dans des conditions très difficiles, et qui profitèrent eux aussi, à la sueur de leur front, de cette manne venue des Etats-Unis.
Mais au moment où le vent avait commencé à tourner, après la Bataille de la mer de Corail qui avait vu la victoire des troupes Alliées, les troupes Japonaises avaient mis en place dans toutes les « colonies » qu’ils occupaient, des gouvernements nationaux, et ce fut le cas au Vietnam aussi.
Mais le cas du Vietnam est un peu particulier, car les autorités françaises n’avaient pas rejoint De Gaulle dans la résistance, mais étaient restées aux côtés de Pétain.
Comme le Japon faisait partie avec l’Italie et l’Allemagne des forces de l’Axe, et que la France de Pétain collaborait avec les Allemands, le Vietnam fut occupé par le Japon qui l’utilisa comme base arrière stratégique, pour son aviation comme pour sa marine, sans compter son ravitaillement.
Après le débarquement en Normandie en Juin 44, il y eut un revirement des troupes françaises au Vietnam que les troupes japonaises avaient bien senti venir, ce qui déclencha le coup de force de mars 45, pour désarmer les troupes françaises, qui furent enfermées dans des camps.
Il fallut attendre le 15 août pour voir la capitulation du Japon, non pas à cause des deux bombes atomiques lâchées sur Hiroshima et Nagasaki par les Etats-Unis, mais parce que l’URSS venait de déclarer la Guerre au Japon, et était sur le point de l’envahir.
Au Vietnam, le gouvernement nationaliste mis en place par les troupes japonaises fut « désavoué », et remplacé par un gouvernement socialiste avec à sa tête, Hô Chi Minh qui déclara l’indépendance du Vietnam.
La non-reconnaissance par la France du Vietnam en tant que nation indépendante déclencha donc la première guerre d’Indochine, ce qui ne permit pas aux vietnamiens de Nouvelle Calédonie de retourner dans leur pays d’origine.
Leur contrat de travail de 5 ans étant terminées, ils eurent le droit de se déplacer et de s’installer là où ils voulaient. Ils quittèrent donc pour la plupart les dures conditions du travail des mines, pour se regrouper dans les agglomérations, et se lancèrent dans de multiples activités où ils réussirent avec succès, grâce à leur force de travail.
Mais cela n’était pas tout à fait du goût de ceux qui tenaient alors dans leurs mains, les rênes du pouvoir économique, qui voyaient d’un très mauvais œil, la montée de tels concurrents, qui en une dizaine d’années, avaient changé le paysage économique de la Nouvelle Calédonie, au moment où après la bataille de Diên Biên Phu, la France devait quitter le Vietnam et lui rendre son entière indépendance.
Cette nouvelle « donne » politique, couplée avec le retour de belligérants ayant participé à cette guerre de décolonisation, allait faire de la Nouvelle Calédonie, une terre de rejet, au moment où les vietnamiens eux-mêmes réclamaient leur retour au pays.
Le fondement de la société vietnamienne repose sur le « culte des ancêtres », un culte dont la papauté n’avait pas compris la véritable portée, car elle avait décrété l’excommunication de tous ceux qui le pratiquaient, ce qui représentait le Vietnam tout entier, et cette papauté s’était vite empressée de revenir sur sa décision.
Et dans ce culte des ancêtres, tout vietnamien même s’il partait au loin, se devait de revenir à son village d’origine, là où reposaient les tablettes funéraires des 5 générations de ses ancêtres qui l’avaient précédés, pour les accompagner au cours de différents rituels, vers ce monde statique, où ils allaient d’abord se poser, et peut-être, pouvoir se réincarner.
A cette règle, les vietnamiens de Nouvelle Calédonie ne pouvaient échapper. Ils étaient partis pour 5 ans, et cela faisait plus de 20 ans qu’ils étaient bloqués sur le Territoire, et ne pouvaient retourner rendre ce culte qu’ils devaient à leurs ancêtres décédés. Et il ne faut donc pas s’étonner, qu’ils aient réclamé pour la grande majorité, leur retour au pays ; Il n’y avait que les catholiques qui par peur du communisme, avaient décidé de rester, car des commissaires politiques furent envoyés pour encadrer ces différents convois du retour au pays, de 1958 à 1963.
Il y avait alors non seulement ce besoin de retourner au pays pour rendre ce culte aux ancêtres, mais il y eut aussi des mouvements de rejet de la part de certains éléments de la société calédonienne, qui s’organisèrent dans un « comité de défense des intérêts calédoniens », un comité qui n’hésita pas à s’engager parfois dans des mouvements violents, envers les membres de la communauté vietnamienne comme entre autre, des tentatives de destruction à la dynamite de locaux appartenant aux vietnamiens.
Dans de telles conditions de rejet, la peur du communisme, fut sans doute pour les vietnamiens qui choisirent de rester, beaucoup plus forte que la peur des actions qui pouvaient être menées par le « comité de défense des intérêts calédoniens ».
Ce sont ces vietnamiens (les tonkinois), qui à cette époque, décidèrent de rester en Nouvelle Calédonie, qui constituent la grande majorité de la communauté vietnamienne, auxquels il faut ajouter les vietnamiens qui ont fui le régime communiste, après 1975, lorsque les Etats-Unis abandonnèrent les populations du Sud- Vietnam à leur sort.
A ces deux principales composantes de la communauté vietnamienne, il faut en rajouter une autre, qui s’est constituée avec le retour sur le territoire à partir du début des années 80, de ces « niaoulis » qui avaient été « rapatriés » au Vietnam vers les années 60, qui se sont intégrés sans problème à la société calédonienne sur le plan économique et social, mais à qui il s’est déjà posé, ou se posera aussi, tôt ou tard, un problème d’identité culturelle.
Cette analyse de l’évolution de la mentalité des vietnamiens , depuis leur arrivée sur le territoire, est faite à partir de considérations personnelles et ne saurait engager l’Amicale.
Le but de cette analyse n’est pas de critiquer mais d’essayer de comprendre qu’il existe un problème culturel pour les vietnamiens, qui n’est pas perçu de la même façon par tous, et qui devient grave au niveau des jeunes surtout.
Il faut en prendre conscience afin qu’en apportant chacun ses idées, qu’en confrontant les différentes opinions, on puisse trouver une solution.
Les vietnamiens constituent une des ethnies les plus actives du territoire. A force des travail et de sacrifices, ils ont réussi pour la plupart, se faire une situation.
Ils se sont très bien intégrés à la vie économique, et se sont adaptés sans trop de problèmes à la vie sociale ; mais où en sont-ils du point de vue culturel : si l’on demandait aujourd’hui aux vietnamiens de ne plus parler leur langue, de ne plus respecter leurs coutumes, en un mot d’abandonner leur culture, quelles seraient leurs réactions ?
Trois générations de vietnamiens vivent encore sur le territoire, et à chacune d’elles correspond une histoire différente, une mentalité différente.
Il y a tout d’abord les « vieux », les « Chân Dang », c’est-à-dire les pionniers de la communauté vietnamienne, arrivés en Nouvelle Calédonie il y a un demi-siècle environ ; puis leurs enfants, ceux qu’on appelait les « niaoulis », et enfin leurs petits-enfants.
Ces « vieux », avant de venir ici, ont connu le Vietnam, ils ont été imprégnés de cette culture vietnamienne. Venus pour travailler, ils le firent parfois dans des conditions très difficiles. Face à l’adversité, ils s’unirent, faisant preuve d’une grande solidarité et cherchant à conserver ces liens qui les unissaient, c’est-à-dire leur langue, leurs coutumes, cette mentalité qui leur était propre. Longtemps ils vécurent repliés sur eux-mêmes, cherchant à transmettre à leurs enfants tout ce qu’ils avaient appris de leurs parents.
Même plus tard, lorsque les conditions de vie s’améliorèrent, ils ne cherchèrent pas à s’intégrer et à s’ouvrir aux autres ethnies ; ils empêchèrent même leurs enfants de le faire.
Il suffit de se rappeler les problèmes que rencontraient les jeunes qui voulaient se marier avec les « étrangers ». Mais après la guerre d’Indochine, ils eurent un choix à faire : retourner au Vietnam ou rester en Nouvelle Calédonie.
Ils étaient encore tellement imprégnés de cette culture, de ce sentiment d’être vietnamien et de n’avoir qu’une patrie : le Vietnam, que la grande majorité n’hésita pas à rentrer au pays. Pour ceux qui restèrent, le choix fut difficile, d’autant plus qu’ils étaient en minorité, et que dans la mentalité des gens, les seuls vrais « viêts » étaient ceux qui partaient. Ils le firent pourtant car, pour eux, l’avenir de leurs enfants était dans ce pays qui leur assurait aussi, une certaine sécurité.
Beaucoup de ceux-là se demandaient encore s’ils n’avaient pas eu tort de rester, lorsqu’ils reçurent les premières nouvelles du Vietnam. Ils surent qu’ils avaient eu raison de rester et rassurés, l’esprit libre de tout regret, ils se mirent au travail afin d’assurer leur avenir et celui de leurs enfants.
Ayant été habitués à travailler dur et dans des conditions difficiles, ils réussirent à s’imposer malgré l’handicap de la langue, dans de multiples activités. Ils s’ouvrirent aux autres ethnies et s’intégrèrent progressivement à la vie du pays.
Aujourd’hui, ils sont connus et respectés par tous ; mais plus ou moins dispersés et pris par leurs occupations, ils n’ont plus tellement l’occasion de se rencontrer, de conserver cette culture vietnamienne, sauf peut-être les catholiques qui se voient régulièrement et qui ont tenu à garder leur Eglise et tout le cérémonial religieux dans la langue, avec cette mentalité typiquement vietnamienne.
Ces « vieux » vietnamiens, à l’âge où ayant travaillé plus que quiconque et ayant largement mérité de se reposer, au-delà de leurs différents, ne ménagent ni leurs efforts ni leurs biens, ils se sont unis pour reconstruire leur Eglise, l’Eglise vietnamienne.
Leur but est de réunir dans cette Eglise tous les vietnamiens catholiques, afin qu’ils continuent à pratiquer la religion comme ils l’ont connue. Mais les jeunes fréquentent de moins en moins l’Eglise et ne se sentent plus tellement concernés par la religion. De cela les « vieux » en sont conscients et ils se rendent compte aussi que, pris par leurs occupations, ils n’ont pu inculquer à leurs enfants certaines notions de base et que leur avenir matériel s’est fait aux dépens de certaines de leurs valeurs( la religion par exemple), ou plus grave, aux dépens même de leur culture.
Cette Eglise donc, permet aux vietnamiens de se rassembler et, en favorisant les échanges, permet de conserver la langue, cette mentalité vietnamienne. Pour ces « vieux » donc, elle répond à un besoin de s’affirmer non pas tellement en tant que catholiques, mais en tant que vietnamiens avant tout.
A l’heure où ayant participé, et participant encore à la construction de ce pays qu’ils ont adopté, ils réaffirment leur volonté de rester vietnamien. Cette Eglise qu’ils ont construite de leurs mains en est le symbole, pour les autres ethnies afin que l’on sache que l’ethnie vietnamienne est toujours présente et active et qu’elle n’est pas des moindres et pour les jeunes afin qu’ils n’oublient jamais qu’ils sont vietnamiens et qu’ils peuvent en être fiers.
Après avoir connu la ségrégation puis l’intégration à « outrance », les « niaoulis » se sont découverts une nouvelle personnalité, celle du vietnamien calédonien, différent de celle de leurs parents, mais en découlant directement.
En effet , avec leurs parents, ils ont connu, eux aussi ces conditions de vie très difficiles. Tout d’abord repliés sur eux-mêmes, ils ont été élevés par leurs parents avec cette mentalité
vietnamienne. Puis lorsque les conditions de vie se sont améliorées, lorsqu’ils ont été plus libres, ils se sont ouverts au pays, aux autres ethnies.
C’est ainsi qu’ils ont accepté d’abord, puis intégré dans leurs groupes certains « étrangers », s’en faisant parfois même des amis, mais conservant toujours leur langue, leur façon de penser, subissant très peu l’influence des autres ethnies.
Lors des « grands départs » sur le Vietnam, ces « niaoulis » étaient donc beaucoup plus attachés à ce pays où ils étaient nés et qu’ils commençaient tout juste à découvrir, qu’au Vietnam qu’ils ne connaissaient que par leurs parents. Mais ayant été élevés dans le respect des parents et acceptant toutes leurs décisions, ils les suivirent donc, ceux qui partaient comme ceux qui restaient. Rares étaient ceux qui allaient à l’encontre de ces décisions.
Les jeunes qui restèrent, conscient que leur avenir se ferait dans le pays, se lancèrent avec leurs parents dans de multiples activités où ils réussirent très bien. Mais après la période d’hostilité qu’ils connurent avec la guerre d’Indochine, ils cherchèrent d’abord à se faire accepter par les autres ethnies, à se « fondre » dans la masse, à s’adapter à de nouvelles conditions de vie, oubliant parfois même qu’ils étaient encore vietnamiens.
Ils se perdirent de vue, et n’eurent plus beaucoup de contacts entre eux ; mais à l’âge où ayant réussi pour la plupart leur vie professionnelle, ou s’étant parfaitement adapté au pays et ayant assimilé son mode de vie, ils se sont aperçus qu’ils étaient passés à côté de choses plus importantes et que le nouveau « système de valeurs « qu’ils avaient adopté, ne répondait pas à tous leurs besoins.
Ils se sont simplement rendus compte qu’ils étaient encore vietnamiens, avec leur langue, leurs coutumes, leur façon de penser, leur culture, et que s’adapter à de nouvelles conditions de vie ne voulait dire en aucun cas, imiter une autre façon de vivre, de penser. Ils en prirent peu à peu conscience et cherchèrent à se regrouper. N’est-ce pas de cette époque que date la formation de l’Amicale, et les membres fondateurs n’étaient-ils pas tous des « niaoulis » qui, au delà de toutes opinions politiques ou religieuses, ont cherché avant tout à se regrouper pour se sentir vietnamiens et vouloir le rester ?
Depuis l’Amicale a cherché à réunir tous les vietnamiens afin de se sentir vietnamien, de mieux connaître la culture vietnamienne et de prouver que l’ethnie vietnamienne existe encore, avec sa propre personnalité ; celle de vietnamien calédonien, calédonien parce qu’il est né dans ce pays, qu’il y a vécu et qu’il y a ses attaches, mais vietnamien avant tout de par ses origines, de par sa culture.
Avec les jeunes d’aujourd’hui, le problème devient plus complexe. Il y a d’abord ceux dont les parents sont des « chân dang » et qui ont donc eu des notions de culture vietnamienne : ils parlent et comprennent assez bien la langue et ont une certaine mentalité vietnamienne. Mais leurs parents, pris par leurs occupations, ne pouvant compléter leur éducation ne purent les empêcher d’adopter une autre façon de vivre, de penser. Ces jeunes donc, vivant avec leurs parents, ont quand même gardé le contact avec le milieu vietnamien, seulement ils n’ont pas pu approfondir leur connaissance de la culture vietnamienne.
Puis il y a eu ces jeunes qui ont grandi à l’époque où leurs parents ont plus cherché à s’adapter à de nouvelles conditions de vie, qu’à leur inculquer les bases de la culture vietnamienne.
Parmi ceux-ci, certains ont eu la chance d’avoir été élevés par leurs grands-parents qui ont cherché à leur apprendre la langue et qui leur ont fait connaître une façon de vivre, de penser, une certaine mentalité vietnamienne. Mais plus tard, livrés à eux-mêmes, ils n’ont plus été en contact avec le milieu vietnamien et ont commencé à tout oublier.
Quand aux autres, ils n’ont reçu aucune notion même la plus élémentaire comme la langue par exemple. Ils connurent donc un autre milieu, avec une autre façon de vivre, une autre mentalité.
Ces jeunes, à l’âge ou ayant acquis une certaine maturité, se mettent à la recherche de leur identité afin d’affirmer leur personnalité. Pour celui qui a toujours été en contact avec le milieu viêt, il se sent vietnamien à part entière. Pour celui qui a connu autrefois ce milieu, cette mentalité vietnamienne, même s’il a adopté une autre façon de vivre, de penser, il se rend compte qu’il est encore vietnamien et cherche à s’affirmer en tant que vietnamien avant tout. Quand à celui qui a, pour ainsi dire jamais eu aucune notion , ou si peu, de la culture vietnamienne, il se trouve devant un problème : il se sait vietnamien mais ne le ressent pas, car ignore tout : la langue, les coutumes, une certaine façon de vivre, de penser, d’agir, une certaine mentalité qui est propre aux vietnamiens. Il faut donc lui apprendre à être vietnamien.
Et c’est le problème qui se pose à tous ces jeunes aujourd’hui, un problème d’ordre culturel : être vietnamien qu’est-ce que cela représente ???…
Les « vieux » ne connaissent pas ce problème car ils ont toujours vécu cette culture, et ne l’ont jamais remise en question.
Les « niaoulis » eux, le ressentent beaucoup moins car cette culture, ils en ont été imprégnés pendant toute leur jeunesse, et même si à un moment donné, ils l’ont délaissée, ils y sont revenus. Ils ne cherchent pas à savoir ce que cela représente d’être vietnamien, mais seulement à se sentir vietnamien et comment conserver ce sentiment d’être vietnamien.
Quand aux jeunes, même s’ils ont le sentiment d’être vietnamien, ils ne savent pas ce que représente vraiment la culture vietnamienne car ils n’ont jamais cherché à l’approfondir. Même ceux qui parlent et comprennent assez bien la langue, ignorent presque tout des coutumes et ils n’ont plus cette mentalité, cette façon de penser propre aux vietnamiens.
Pour que les jeunes puissent conserver cette culture vietnamienne, il faut d’abord chercher à savoir en quoi elle consiste exactement et l’adapter ensuite à nos besoins. C’est d’ailleurs l’un des buts de l’Amicale et qui est précisé dans ses statuts :
- l’entraide sous toutes ses formes entre vietnamiens de cœur ou d’esprit sans distinction politique ou confessionnelle.
- La recherche et l’étude de tous les éléments de la vie communautaire, la contribution à l’élaboration d’une doctrine de la vie communautaire, et à la publication de celle-ci.
C’est un travail de longue haleine, qui demandera la participation de tous les vietnamiens, des plus vieux jusqu’aux plus jeunes, et qui exigera des contacts nombreux et fréquents entre les trois générations afin « d’élaborer cette doctrine de la vie communautaire » qui permettra de conserver encore cette culture vietnamienne qui nous est si chère. Ce travail pourra se faire dans le cadre d’un foyer qui permettra de réaliser différents activités culturelles. Ce sera le but principal de ce foyer.
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